“J’aurais voulu une loi plus audacieuse !”

“J’aurais voulu une loi plus audacieuse !”

Président de l’ANEM, l’association nationale des élus de Montagne, Laurent Wauquiez a été l’un des principaux artisans de cette nouvelle loi. Il est aujourd’hui satisfait d’avoir été entendu sur de nombreux points. Et en tant que président du conseil régional, il compte bien agir lui-même en faveur d’un développement facilité de la montagne. Mais il reconnaît avec franchise qu’il aurait aimé aller plus loin et qu’il a accepté cette première étape pour mettre fin à ce qu’il considère comme des dérives négatives pour la montagne.

Pourquoi vous semblait-il nécessaire d’avoir une nouvelle loi Montagne ?

Laurent Wauquiez : Parce que ma conviction, c’est que tout cela avait vieilli. On restait sur une vision de la montagne qui consistait à compenser les handicaps alors qu’elle mérite mieux que cela ! C’est un réservoir de dynamisme extraordinaire et il faut lui permettre de poser les conditions de son essor contre ses concurrents autrichiens, américains ou russes.

Certains préfèrent parler simplement de l’acte 2 de la loi de 1985...

Moi, je parle d’une nouvelle loi montagne car on a obtenu des avancées importantes.

Cette conviction est partagée par les parlementaires de la région avec qui j’ai mené campagne pour faire aboutir cette loi : les députés de Savoie et de Haute-Savoie Dominique Dord, Hervé Gaymard, Bernard Accoyer, Lionel Tardy, Martial Saddier, Virginie Duby-Muller, Marc Francina et Sophie Dion, mais aussi les sénateurs Michel Bouvard, Jean-Pierre Vial, Loïc Hervé, Jean-Claude Carle et Cyril Pellevat.

Est-ce que vous aviez le sentiment qu’on oublie parfois ces territoires  ?

Ce qui me frappe par rapport aux années Pompidou où la France portait une vraie ambition montagne, c’est que notre pays n’est plus assez tourné vers ces territoires. On n’a plus suffisamment cette culture contrairement à des pays comme l’Autriche et la Suisse. Je considère que la responsabilité du président de la Région Rhône-Alpes, c’est d’être l’ambassadeur de la montagne, et de l’être d’abord dans ses politiques à lui.

Parmi les réformes que vous avez portées avec l’ANEM, lesquelles ont été retenues dans cette loi Montagne ?

J’en vois quatre. La première, c’est qu’on a évité d’avoir une usine à gaz en terme d’aménagement, notamment pour les remontées mécaniques, qui risquait de complètement bloquer l’économie de la montagne. On a obtenu que cela reste simple d’utilisation pour aller vers une vraie fluidité. La deuxième, c’est qu’on a évité que les offices de tourisme soient obligatoirement liés aux intercommunalités, ce qui les aurait totalement coupés de la réalité des stations de montagne. La troisième : le dispositif Censi-Bouvard pourra désormais être utilisé pour la réhabilitation. Enfin, on a travaillé pour les saisonniers avec des progrès en termes de logement, de formations, de multiactivités... Pour faire en sorte que ces saisonniers soient de notre région et que ce soient les mêmes équipes d’une année sur l’autre.

D’autres avancées marquantes dans cette loi ?

Pour la première fois, la loi ose poser des questions taboues comme le loup. On est en train de devenir fou car ce n’est plus une espèce à protéger. Au contraire, c’est une espèce en voie de multiplication et il faut donc qu’on change complètement d’approche. On a obtenu de nouvelles possibilités de prédation sur le loup pour permettre plus facilement des abattages quand il y en a trop. Et surtout, on a obtenu un suivi à échelle de chaque massif alors que cette question était étudiée au niveau de la France avec des procédures beaucoup trop lourdes.

Vous êtes habituellement très critique avec le Gouvernement mais vous semblez être plutôt satisfait de cette loi Montagne. Est-ce une bienveillance exceptionnelle ou avez-vous vraiment le sentiment d’avoir été entendu ?

Tout le monde sait que je suis d’abord un élu de mon territoire et de ma région. Tout ce qui est positif pour ma région, je n’hésite pas à le saluer, y compris en mettant de côté les polémiques politiciennes. D’ailleurs, je tiens à rendre hommage à Jean-Michel Baylet qui a été de ce point de vue un bon ministre pour la montagne. Il est Radical de Gauche, moi je suis Les Républicains. Mais quand il s’agit de défendre la montagne, les étiquettes politiques ne m’intéressent plus. Cette loi montagne permet de franchir des vrais caps intéressants sur toutes les thématiques que j’ai citées. Et il faudrait aussi ajouter la couverture médicale en zone de montagne ou encore la question de la téléphonie mobile et du wifi qui ont également été traitées dans cette loi. (...)

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