Vanoise : la fronde des savoyards

26 des 29 municipalités concernées s’opposent à la nouvelle charte du Parc de la Vanoise pourtant inspirée d’une loi accordant davantage de pouvoir aux élus locaux dans sa gestion. Au contraire, dans les autres parcs nationaux, le processus s’est déroulé sans encombre. Comment expliquer ce particularisme savoyard ? Dans ce dossier, Mag2Savoies fait le point des enjeux tout en donnant la parole aux partisans et aux adversaires de cette nouvelle charte.Par Lionel Favrot

“C’est une question de survie pour Bonneval. Il faut qu’on renouvelle nos montées mécaniques mais on n’en a pas les moyens.” Gilbert Blanc, nouveau maire de cette petite commune de la Vanoise, fait partie des opposants les plus déterminés à la nouvelle charte du parc. En effet, c’est l’occasion pour lui de remettre sur la table des négociations un dossier que ses prédécesseurs ont défendu sans succès : relier le domaine skiable de Bonneval à celui de Val d’Isère pour développer le tourisme hivernal dans ce village de 250 habitants. Impossible sans obtenir le déclassement d’une partie du coeur du Parc, c’est-à-dire le secteur le plus protégé de la Vanoise. Du coup, il propose un troc : en échange du déclassement du col de l’Iseran, Bonneval donnerait au Parc d’autres terrains de sa commune. “Des terrains plus grands et plus intéressants en terme de flore et de faune que l’Iseran”, insiste cet élu qui considère que sa commune se retrouve aujourd’hui “punie” malgré son engagement en terme de sauvegarde du patrimoine et de protection de la nature depuis la création du parc. 
De fait, Bonneval-sur-Arc, répertorié parmi les plus beaux villages de France, est réputé pour son caractère authentique avec ses fameux toits en lauze. Ce qui tranche avec l’architecture des grandes stations voisines qui se sont développées sans être entravées par la réglementation du parc. A cela une raison simple : c’est le coeur du parc, essentiellement des hautes crêtes, qui fait l’objet de règles draconiennes. Les interdictions sont nombreuses et tous les travaux dans cette zone nécessitent l’approbation du directeur. Au contraire, dans l’aire dite périphérique du parc, ce sont les règles habituelles qui s’appliquent. D’où le double paradoxe de la Vanoise. Géographique et saisonnier. Géographique, car d’une commune à l’autre, parfois toutes proches, l’espace aménageable en remontées mécaniques varie fortement selon la surface comprise en coeur du parc où rien n’est envisageable et celle en périphérie. Saisonnier car l’été, le massif attire les amoureux de nature alors que l’hiver, c’est le plus grand domaine skiable du monde.